L'œuvre Picasso : Guernica

Pablo Picasso, Guernica, 1937
Pablo Picasso, Guernica, 1937
Óleo sobre lienzo, 349,3 x 776,6 cm. Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía.
© Sucesión Picasso, VEGAP, Madrid, 2023.

Guernica a été achevé par Pablo Picasso le 4 juin 1937 à Paris. Il s'agit d'une grande toile créée pour faire partie du pavillon espagnol de l'Exposition internationale de Paris de 1937.  

Selon Paloma Esteban Leal (n. d.), Picasso traduit la tragédie qu'il veut dépeindre par une gamme de couleurs sobres et intenses, avec des tons sourds. Dans cette œuvre, le monochrome règne en maître, utilisant une sorte de grisaille (à l'exception de quelques bruns ou rouges) qui donne à l'œuvre la sobriété et le drame du thème de la guerre : le bombardement de Guernica.  

Dans le documentaire Especial Picasso (1981), produit par RTVE, Josep Palau i Fabre analyse et décrit Guernica comme un "....". Une œuvre dans laquelle convergent toutes ses aventures plastiques antérieures. Mais, au-delà des aventures plastiques et du sens esthétique que l'on peut trouver dans l'interprétation de Guernica, il y a un sens plus profond. Il se tourne vers son passé, car son passé est une somme de victoires. Lorsque Picasso a réalisé les tableaux de la période bleue, il l'a fait à contre-courant des courants de l'époque, qui étaient ceux de l'impressionnisme et du post-impressionnisme, c'est-à-dire ceux de la sortie à la lumière. Lui, en revanche, s'est enfermé dans la camera obscura. Le cubisme est une autre victoire, car il va à l'encontre des courants de l'époque. Et ainsi de suite (...) Quelles que soient ces victoires, il veut opposer à toutes ses victoires passées la défaite morale ou la punition du bombardement de Guernica (...). Ce que le bombardement de Guernica lui a inspiré, je pense, peut illustrer la mentalité et les sentiments de Picasso. Pour lui, cela signifie l'oppression d'une très puissante force aérienne nazie au service de Franco contre une pauvre population sans défense. Ce Picasso, ce Picasso mû par l'éthique, est le Picasso de tous les temps que nous retrouverons en permanence dans son œuvre et dans sa vie".  

D'autre part, Jesús María González de Zárate (2013), qui a analysé l'iconographie de l'œuvre, identifie qu'elle peut être divisée en deux groupes. Le premier est celui des animaux, dans lequel il représente un taureau, un cheval blessé et un oiseau, des animaux que l'artiste avait déjà représentés à d'autres occasions et qui ont pour lui une forte signification symbolique.  

Le deuxième groupe est constitué d'êtres humains, avec des soldats et plusieurs femmes. La représentation des femmes dans cette œuvre sera utilisée par Picasso dans ses œuvres ultérieures pour exprimer la peur et l'horreur. Des éléments tels que les langues pointues, les bouches béantes et les membres exagérément allongés en sont des exemples (González de Zárate, 2013). 

D'autres éléments font partie de l'iconographie de cette pièce, dont l'ampoule électrique qui éclaire la scène. La représentation de cet élément est un symbole de progrès technique, faisant allusion au moment historique de progrès dans la vie de l'artiste.

Le processus de création de l'œuvre a été documenté par une série de photographies prises par Dora Maar, sa partenaire de l'époque. Ces photographies ont été utilisées pour retracer le processus de création artistique de l'œuvre. Grâce à ces photographies, nous pouvons voir comment la pensée et l'attitude de Picasso ont changé tout au long de la création de l'œuvre. Cela se voit dans les différents éléments que l'artiste a modifiés. Comme le raconte Josep Palau i Fabre dans le documentaire de RTVE (1981) : "Guernica, selon ses plans et dans son état original, contenait un bras levé avec un poing serré, qui signifiait évidemment la vengeance. Mais ce poing et ce bras ont été retirés de la version finale. Cela signifie, à mon avis très clairement, que Picasso élimine l'idée de vengeance et que le tableau devient simplement une plainte et un cri contre la guerre, c'est-à-dire un quejío, pour le dire en termes andalous".  

Guernica se trouve actuellement au musée Reina Sofía de Madrid, dans les salles recréant le pavillon de la République espagnole en 1937.

Références :