Documents 25. Picasso poète.

Date de début
06.06.2023
Fecha de fin
06.06.2023
Programme

Mardi 6 juin 2023 - 19:00 h

Musée/institution
Museo Nacional Centro de Arte Reina Sofía
Adresse
C/ Santa Isabel, 52
Madrid

Le programme Documents est consacré à la relation entre l'art et l'édition, et aborde des sujets tels que les effets de l'archive sur les récits de l'histoire de l'art, le livre d'artiste et l'édition en tant que pratique artistique. Cette édition examine une facette moins explorée de Pablo Picasso : celle du poète. La valeur visuelle, sonore et performative de sa poésie est soulignée dans le dialogue entre le texte, le son et l'image qui constitue l'épine dorsale de cette activité, laquelle consiste en un récital d'une sélection de poèmes - nouvellement traduits en espagnol par Jèssica Jaques Pi - suivi d'une conversation entre Androula Michael, experte de son œuvre littéraire, et les membres du collectif gynocentrique du Doctorat Picasso (Musée Picasso de Barcelone, Universitat Autònoma de Barcelona et Université Jules Verne).

L'exploration de la production poétique - et théâtrale - de Picasso peut modifier les lieux communs dans l'interprétation de son œuvre plastique, étant donné que l'écriture, le dessin, la peinture et la sculpture ont été pour lui des activités hybrides et parfois indiscernables, bien que la première ne jouisse pas de la même reconnaissance.

Le créateur de Guernica (1937) a écrit environ trois cent cinquante poèmes en espagnol et en français. Les premiers poèmes dans les deux langues datent de 1935, bien qu'il soit probable qu'il ait écrit plus tôt et dès sa jeunesse en espagnol. Les publications de ces textes de son vivant sont nombreuses : "Fandango de lechuzas", qui accompagne les gravures Sueño y mentira de Franco (1937), et les recueils Scritti di Picasso (1935-1947) (1964), Poèmes et lithographies ou Trozo de piel (1960) ; mais aussi les pièces Le désir attrapé par la queue (1945) et Les quatre petites filles (1949).

Une autre qualité de la poésie de Picasso est sa dimension polyglotte. Adulte, le peintre pensait, sentait, parlait et écrivait en trois langues : son espagnol andalou natal, le catalan de sa jeunesse pendant son séjour à Barcelone et, après s'être installé à Paris, le français. Ce n'est pas un hasard si parmi ses amis les plus proches se trouvaient des poètes aussi brillants que Max Jacob, André Salmon, Guillaume Apollinaire, Jean Cocteau, Gertrude Stein et Paul Éluard. À ce caractère polyglotte, où les langues se mélangent et se resignifient, Picasso ajoute un élan iconoclaste, car la poésie sert à évoquer ce que la peinture ne peut représenter, comme dans "la bouche pleine de la gelée de punaises de ses mots" (1937), un vers du "Fandango de lechuzas" (Fandango des hiboux). La multiplicité de sa calligraphie et la profusion de signes et de figures géométriques amènent également son écriture au seuil entre l'image et le mot, typique d'une inventivité débordante.